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Référence bibliographique
Payment, P. and K. Pintar (2006). Microorganismes pathogènes
transmis par la voie hydrique: Une évaluation critique des méthodes,
des résultats et de leur interprétation. Rev. Sci. Eau 19
(3) : 233-245. [article en anglais]
Titre original: Waterborne Pathogens: A critical assessment of methods,
results and data analysis.
Texte
intégral (PDF)
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Résumé
De nombreux microorganismes pathogènes entériques
affectent l'homme et certains peuvent être acquis de d'autres espèces
animales. Certains sont spécifiques aux régions tropicales, mais
la plupart des microorganismes entériques sont les mêmes partout
sur la planète, voyageant avec leurs hôtes aux coins les plus
reculés. Ils se retrouvent dans l'eau contaminée par les matières
fécales excrétées. D'autres sont indigènes au milieu
hydrique et sont des opportunistes, causant la maladie chez les individus susceptibles.
Par la surveillance des épidémies associées à l'eau,
on a pu facilement identifier ceux qui sont importants en santé publique.
Il est cependant beaucoup plus difficile d'attribuer quelle part du fardeau
de la maladie peut être attribué à une voie d'exposition
spécifique. La surveillance de la maladie dans les populations, même
lorsqu'elle est active, est très imprécise puisqu'elle ne collige
que les données sur les cas les plus graves soit une faible partie du
nombre réel d'individus infectés. À des fins de santé publique,
il y a plusieurs aspects, incluant des besoins et des manques, associés
au suivi des microorganismes pathogènes dans l'eau. Les bénéfices
et faiblesses des méthodes courantes et émergentes doivent être
présentées dans un contexte d'appropriation de ressources au
suivi des microorganismes pathogènes dans l'environnement. Le simple
fait de vouloir analyser des échantillons pour y détecter des
microorganismes pathogènes implique des éléments que trop
de chercheurs connaissent mal. Les conséquences publiques, légales,
politiques et économiques ont été mises en évidence
lors de plusieurs événements partout dans le monde, mais plus
récemment à Sydney en Australie. Une erreur de laboratoire a
conduit à la détection (fausse) de parasites (Cryptosporidium)
dans l'eau potable: cette erreur a coûté plus de $37 millions
de dollars et affecté 3 millions de résidents sans qu'aucune
infection ne soit observée. Les producteurs d'eau veulent connaître
le niveau de pollution de leur eau d'approvisionnement afin de déterminer
le niveau approprié de traitement: comme les méthodes sont imprécises,
la marge d'erreur est très grande. Les recommandations présentes
sont plutôt dirigées vers des paramètres physico-chimiques
(turbidité, mesure de désinfectant en continu, etc.) et des plans
de sécurité lesquels sont facilement applicables, mesurables
et fiables.
Les méthodes actuelles de détection des microorganismes pathogènes
sont peu fiables et leur diversité dans les différents laboratoires
rend l'interprétation difficile. Le manque le plus important reste le
peu de validation de la plupart des méthodes de détection des microorganismes
pathogènes en microbiologie environnementale. Les données fournies
par des laboratoires différents ne peuvent donc être comparées
facilement et ne peuvent servir à faire des évaluations de risque
ou de la gestion de risque. En général, peu de laboratoires offrent
de telles analyses, le personnel qualifié est rare, les protocoles de
QA/QC sont rarement présents et il n'y a aucune accréditation nationale.
La formation de personnel hautement qualifié et le développement
de méthodes standardisées ne pourront donc ultimement que mieux
servir la santé publique. Les méthodes actuelles utilisées
dans un cadre bien défini de certains projets de recherches écologiques
commencent à porter fruit. Les données de positionnement géographique,
climatologiques et microbiologiques doivent être évaluées
afin que la qualité des données produites par les modèles écologiques
soient valides. En résumé, les informations acquises sur la présence
des microorganismes pathogènes dans les eaux de surface sont utiles mais
ne peuvent être utilisées que si elles sont validées. Les
laboratoires effectuant les analyses devront être accrédités
et devront utiliser des méthodes standardisées si nous voulons
comparer les données fournies. Ce n'est qu'à ce moment que l'analyse
quantitative du risque microbiologique pourra se faire. Cette nouvelle approche
est en émergence au niveau international et les modèles proposés
doivent utiliser des données précises. Au Canada, l'Agence de santé publique
du Canada s'intéresse à cette nouvelle approche. En l'absence de
mesures précises, les chercheurs et les agences de contrôle doivent
utiliser les indicateurs de traitement et de contamination fécale pour
s'assurer de l'innocuité de l'eau de consommation. Alors que les protocoles
d'analyse sont bien définis pour ces paramètres, ceux requis pour
les microorganismes pathogènes ne sont pas encore établis. Or,
des analyses occasionnelles ou mal ciblées ne sont pas valides pour des
fins de santé publique.
Les organisations internationales, telle l'Organisation pour la coopération
et le développement économique (OCDE) et l'Organisation mondiale
de la santé (OMS) s'intéressent aux méthodes récentes
qui allient la biologie moléculaire et la bioinformatique pour obtenir
des réponses rapides et fiables sur la contamination des eaux. Ce sera
par l'éducation et la communication que les risques pourront être établis
et que nous pourrons en informer correctement le public en général,
la communauté scientifique, les agences gouvernementales et les producteurs
d'eau. Les recherches futures devront répondre aux questions de méthodologie,
sensitivité, spécificité, et surtout aux questions de valeur
prédictive des résultats de détection de microorganismes
pathogènes.
Correspondance
Pierre Payment, INRS - Institut Armand-Frappier, Institut national de la
recherche scientifique (INRS), 531 Boul. des Prairies, Laval (Quebec) CANADA
H7V 1B7
Courriel :
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